Jusqu'à quelle température on peut faire voler son drone dehors ?
Il faut se rendre à l'évidence, le froid, ce n'est pas le meilleur ami des drones... enfin, ce n'est pas le meilleur ami des pilotes de drone surtout. C'est une question récurente à chaque début d'hiver, et qui, bien que simple en apparence, soulève néanmoins quelques questions sous-jacentes bien plus intéressantes.
Alors, la température minimale, c'est quoi ?
Ce que disent les manufacturiers
Les manufacturiers de drones mettent, dans les manuels d'utilisation, les specs, c'est-à-dire toutes les caractéristiques des drones qu'ils fabriquent... dont les caractéristiques de tolérence aux températures. Par conséquent, une première réponse à votre question se trouve certainement dans le manuel de votre drone.
Pour information, les drones DJI récents (Mini 3, Air 3, Mavic 3, etc...) sont certifiés pour voler entre -10˚C et +40˚C. Mais c'est à vous de vérifier.
Cela signifie que la probabilité d'une défaillance du drone reliée à la température entre -10˚C et +40˚C est statistiquement la plus faible tant que le drone évolue dans cette plage de température. Mais en dehors, c'est une autre histoire...
La gestion des batteries par temps froid
L'un des défis majeurs en pilotage par temps froid est la gestion des batteries. Les températures basses réduisent l'activité chimique des batteries, et augmentent considérablement les risques de chute inattendue du drone.
Mon conseil :
Veillez à charger les batteries complètement et à les maintenir à température ambiante avant le vol. C'est très possible de les garder contre son corps. Aussi, il faut éviter de recharger une batterie froide pour prévenir des dommages irréversibles.
Certains modèles de drones utilisent des batteries chauffantes. Laissez le drone préchauffer pour permettre aux batteries de s'adapter à la température. Pilotez doucement pour éviter de demander trop d'ampères et ainsi éviter une baisse soudaine de la tension de la batterie.
Pendant votre vol, une surveillance constante du niveau de la batterie via l'application de télémétrie sera vraiment essentielle. Il est recommandé d'arrêter de voler quand la batterie arrive à 40%.
Et sachez que, bien qu'il soit très possible de volez en dehors des limites permises par le manufacturier, vous courrez le risque d'invalider votre garantie en cas de crash. En effet, si le manufacturier précise qu'il ne recommande pas de voler en dehors de cette plage de température, c'est parce des tests ont été fait sur les composants, et qu'une utilisation en dehors de la plage de températures définie par le fabricant augmente significativement le risque qu'une anomalie survienne pendant le vol.
Vous êtes averti.
Pilotage par vent glacial
Tout d'abord, il est crucial de respecter les recommandations du manuel d'utilisation concernant la résistance au vent de votre drone. Mais se pose un autre problème : Les doigts.
L'utilisation de gants est évidemment fortement recommandée pour se protéger du froid, mais cela a un effet pervert : la sensibilité des doigts pour le pilotage est fortement altérée. Et plus les gants sont épais, plus ils protègent du froid, mais... moins vous serez capable de piloter votre drone...
Mon conseil :
Vous pouvez achetez des gants chauffants, mais cela a aussi ses inconvénients. Il faut qu'ils soient fins, qu'ils chauffent bien, et n'altèrent pas votre pilotage. Dur à trouver.
Il existe aussi des sacoches transparentes coupe-vent pour y mettre la manette. Et effectivement, c'est assez efficace pour ne pas avoir à mettre de gants. Mais la sueur dégagée par la paume de vos mains se condensera sur la partie transparente de la sacoche, et très rapidement, vous ne serez plus en mesure de lire l'écran de votre manette. Une solution consiste donc à prendre des sels de silicates et à les ajouter dans cette sacoche coupe-vent.
Voler par temps négeux
Cela tombe sous le sens : piloter par temps neigeux ou pluvieux n'est pas idéal. La neige peut endommager les moteurs du drone. L'utilisation d'un pad de décollage / atterrissage est très fortement recommandé, à moins que vous ne sachiez décoller ou atterrir à la main.
Mon conseil :
Si la neige commence à tomber pendant le vol, retourne au point de départ et range le drone à l'abri. Assurez-vous de bien sécher et nettoyer le drone avant de le ranger. C'est très important, car la condensation sur les parties électriques peut soit créer des courts-circuits, soit, à plus long terme, corroder et abimer les différentes parties du drone.
Condensation et vol par temps nuageux
Le froid et l'humidité sont souvent associés à une forte condensation lors des changements brusques de température. Et les conséquences peuvent être plus grave que vous ne le pensez.
Mon conseil :
L'apparition de condensation sur la lentille de la caméra va rendre celle-ci incapable de capter les images, et par conséquent, vous aurez une perception embrumée de votre retour vidéo. Si vous devez volez, assurez-vous que le drone est à température ambiante (au froid donc) pour éviter les chocs thermiques. Juste le drone, pas les batteries !
Un autre problème, qui peut être bien plus grave, est l'apparition de givre sur les pales des hélices. Cela va considérablement affecter la capacité du drone à se maintenir en l'air. Par conséquent, si vous sentez que le temps est saturé d'humidité, ou si le point de rosé des METAR des aérodromes proches est juste en dessous de 0˚C, malgré une température réelle positive, c'est que vous êtes à fort risque d'avoir du givre sur vos hélices. Et croyez-moi... vous ne voulez pas que cela vous arrive...
Enfin, voler dans le brouillard a une autre conséquence : Cela peut perturber les détecteurs d'obstacles et compromettre la navigation du drone. C'est déjà arrivé que des drones refusent de descendre car les caméras du dessous interprêtent le blanc des nuages comme le sol. Donc, pas de vol dans les nuage. Non seulement c'est illégal, mais c'est franchement dangereux.
Comment se préparer pour aller voler quand il fait froid (voir frète)
On le dit tout le temps : Le plus important, c'est la préparation.
Si vous devez aller voler, sachez que vos vols vont durer 30% en moins, que vous aurez probablement très froid aux doigts (et au reste), et que le facteur vent est traitre. Les pilotes sont normalement statiques quand ils manoeuvrent leurs drones, et par conséquent, se refroidissent vite.
Piloter son drone depuis l'intérieur de mon véhicule, tu en penses quoi ?
Question récurente, mais bien intéressante. Oui, c'est possible, mais attention à quelques petites choses :
La voiture agit comme une cage de Faraday, et diminue fortement la portée du signal entre votre drone et votre manette.
Il est possible que du givre se forme sur votre pare-brise - Mettez le chauffage dans votre auto.
Vous ne serez pas aussi prompt à réagir s'il y a un problème.
Votre vision du drone sera fortement entravée par votre véhicule. Assurez-vous de toujours être en mesure de voir votre drone, ainsi que d'être certain que ne mettre personne en danger.
Chose importante : Si vous êtes le pilote, votre véhicule doit être à l'arrêt. Je précise, au cas où.
Mon conseil :
Personnellement, je ne le fais pas. C'est trop dangeureux là où je suis habitué à voler. Mais si vous êtes dans une zone dégagée qui ne présente pas de risques pour quiconque, allez-y. L'important, c'est que vous soyez prêt à toutes les éventualités.
Pour conclure
Vous vous demandiez si voler par temps froid est une bonne idée ? Si vous êtes bien préparé, que vous connaissez les limites de votre matériel et les vôtres, cela sera certainement une excellente idée !
Les conditions pour piloter un drone en extérieur quand il fait froid sont difficiles tant pour le matériel que pour les pilotes.
Si vous avez un doute, sachez qu'il n'y a aucun doute sur un fait : toutes les conditions ne sont pas réunies pour que le vol soit sécuritaire.
Alors, cet hiver, volez prudemment !
Comments